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Bonjour Darko, j'ai eu la chance de vous cotoyer il y a...
Si votre progression aux échecs est interrompue depuis trop longtemps, si vous plafonnez sans précisément savoir pourquoi, si vous savez que vous êtes loin d'avoir montré tout votre talent pour les échecs, vous ne regretterez pas d'avoir lu ce manifeste. Il est d'autant plus dommage de stagner que l'on vit une époque formidable pour le jeu d'échecs.
Globalement, l'étude du jeu est plus facile qu'elle ne l'était il y a quelques décennies et le niveau de jeu moyen a nettement progressé. On peut aujourd'hui trouver des partenaires à toute heure du jour et de la nuit, et assister en direct aux grands tournois, guidés par les commentaires de forts grands maîtres. Grâce aux ordinateurs, les analyses sont plus précises que jamais, et il devient plus difficile de trouver des erreurs techniques dans les livres d'échecs.
Cependant, comme je vais le montrer dans ce manifeste, ce progrès est déséquilibré. La tactique prend une place disproportionnée dans l'entraînement et dans le raisonnement, et cela produit des effets pervers. Pour de nombreux joueurs, les échecs sont de plus en plus un jeu de réflexes, de moins en moins un jeu de réflexion - et l'accélération des cadences n'est pas pour arranger les choses.
Peut-être n'est-ce qu'un moment dans l'histoire du jeu, mais on observe encore que, malgré tous les progrès de l'entraînement, beaucoup d'amateurs d'échecs passionnés et intelligents plafonnent en dessous de 2000 Elo, ou à un niveau à peine supérieur - alors même que, comme ils en ont souvent l'intuition, leur potentiel est nettement plus élevé.
Ce manifeste part de ce constat et en met en lumière la cause principale. Il vous invite à changer de perspective et à repenser votre pratique des échecs. Si vous êtes de ceux qui peinent à exploiter leur potentiel et à obtenir la reconnaissance qu'ils méritent (que ce soit dans leur cercle d'amis, au niveau de leur club ou bien plus haut), il y a de fortes chances que vous y trouviez la clé qui va vous permettre de franchir un cap.
C'est un fait : tous les joueurs d'échecs se retrouvent un jour ou l'autre coincés à un palier qu'ils n'arrivent pas à dépasser. C'est peut-être votre cas. Depuis combien de temps votre Elo n'a-t-il pas significativement évolué ? Un ou deux ans ? Cinq ans ? Dix ans ? Mais le niveau auquel vous stagnez correspond-il vraiment à votre potentiel ? Est-il seulement au niveau des efforts que vous avez fournis ?
Dans le processus d'apprentissage, il est normal de retrouver confronté à des paliers, mais pas d'y rester trop longtemps. Juste le temps de bien intégrer les éléments essentiels et les principes que l'on a appris. Mais le problème est que beaucoup de joueurs plafonnent sans savoir pourquoi et sans perspective de solution. En conséquence, ils perpétuent des pratiques inefficaces et en restent longtemps au même stade. Pire, ils cessent complètement de progresser, même s'ils font beaucoup d'efforts. Cela n'est-il pas décourageant ?
S'il vous est arrivé de rester trop longtemps sans voir vos résultats s'améliorer, n'avez-vous pas trouvé cela particulièrement frustrant ? Votre plaisir de jouer n'en a-t-il pas été affecté ? Combien de fois avez-vous eu le lugubre pressentiment que vous vous dirigiez vers une défaite qui allait vous laisser un goût de déjà-vu ?
Si, alors que vos résultats stagnaient, vous vous êtes par ailleurs beaucoup entraîné, n'avez-vous pas eu comme l'impression que les échecs étaient un jeu particulièrement ingrat ? Et ne vous êtes-vous pas demandé comment il était possible qu'un jeu que vous croyiez aussi flamboyant et beau que les échecs vous mette dans un tel état d'esprit ?
Si cela évoque quelque chose pour vous, rassurez-vous, vous n'êtes pas le seul.
Nombre de joueurs d'échecs en ont fait l'expérience, et cela peut même être la cause pour laquelle certains ont arrêté, restant sur un douloureux sentiment d'échec et une frustration permanente, malgré tout l'amour qu'ils vouaient à ce jeu royal.
Il est donc important de reconnaître les raisons qui font que l'on reste longtemps coincé au même niveau. Beaucoup de joueurs n'ont pas une claire conscience de ce qui bloque leur progression et s'en remettent aux recommandations standards :
Il peut arriver que cela produise un déclic, mais comme la recherche n'est guère orientée, c'est plus un coup de chance qu'autre chose. Et les choses se compliquent quand on ne tombe pas sur le facteur clé qui va nous permettre d'enfin franchir un palier. En effet, mal orientés, les efforts sont inefficaces. De plus, les solutions proposées pour progresser ont souvent leurs limites.
Il est assez censé de penser qu'il est important de bien maîtriser les ouvertures. Du coup, beaucoup de joueurs consacrent énormément de temps à l'examen des variantes d'ouvertures en utilisant toutes formes de supports (livres, vidéos, cours particuliers, etc.). En conséquence, un certains nombre de variantes finissent par être plus ou moins mémorisées, mais sans être nécessairement bien comprises. En pratique, une fois les coups connus récités, on se retrouve en milieu de jeu sans trop savoir quoi faire et plus la partie avance, plus la confusion est grande.
Nombreux aussi sont les joueurs qui, à raison, font régulièrement beaucoup d'exercices tactiques. C'est une grande source de plaisir quand ils trouvent de jolies solutions. De plus, cela les rassure parce qu'ils ont l'impression de pouvoir grâce à cela éviter les gaffes et mieux contrôler le cours de leurs parties. Ils rêvent de placer de belles combinaisons, pour la jouissance esthétique et sportive que cela procure.
Cependant, à trop faire d'exercices tactiques :
Il est très fréquent de consacrer l'essentiel de son temps aux deux méthodes d'entraînement que nous venons de voir (l'étude des ouvertures et l'entraînement tactique), notamment si l'on considère le blitz comme un entraînement à la tactique. Nombreux, en effet, sont ceux qui s'épuisent inutilement en jouant d'innombrables parties en ligne. Ils s'entraînent à répéter les mêmes erreurs.
Quand aux autres méthodes habituelles d'entraînement :
Donc, on peut passer beaucoup de temps sur les échecs, sans pour autant faire de progrès significatifs.
Les conséquences à long terme ? On perd ses repères, sa confiance en soi, on obtient de mauvais résultats sitôt que nos calculs sont défaillants. On peut voir s'enchaîner les défaites...ce qui peut s'avérer très douloureux. Démotivation, frustration, détérioration du niveau de jeu sont monnaie courante.
Cela ne veut pas dire que vous ayez tord d'étudier les ouvertures, de vous entraîner à la tactique et de suivre des parties sur Internet : toutes ces activités peuvent contribuer à vous faire progresser aux échecs, ou au minimum à rester dans le coup.
Mais, si vous restez confronté à un palier que vous n'arrivez pas à dépasser, c'est que vos pratiques de perfectionnement habituelles ne suffisent pas. C'est aussi, et surtout, que vous n'avez pas clairement identifié la cause du problème.
Bien entendu, les raisons pour lesquelles on stagne aux échecs peuvent varier. Chacun devrait se livrer à l'examen des causes pour lesquelles il ne progresse plus (ce que vous pouvez par exemple faire en vous appuyant sur l'analyse de vos propres parties avec un bon entraîneur). Cependant, selon mon expérience, dans la plupart des cas, le problème est étroitement lié à la culture du court terme qui nous imprègne : on veut tout et tout de suite, ce qui fonde le culte de la tactique.
« Les échecs sont 99% de tactique » ? La belle blague ! Il est étonnant que la boutade de Richard Teichmann soit souvent citée, n'est-ce pas ? Et pourtant...
Bien sûr, aux échecs, la tactique est fondamentale : rien ne sert de faire une belle partie si on la gâche en perdant bêtement une pièce, par exemple. Il faut aussi veiller à ne pas laisser passer les possibilités combinatoires. Mais si la tactique était tellement importante, comment expliquer qu'il ait fallu attendre la toute fin du XXᵉ siècle pour que les ordinateurs rivalisent vraiment avec les humains ? Après tout, bien avant ça, leur puissance de calcul était infiniment supérieure à celle des grands maîtres.
Quoi qu'il en soit, l'habitude de chercher des solutions tactiques impacte largement la façon dont on analyse les éléments d'une position.
Vous l'avez compris, la cause essentielle des stagnations durables est souvent que l'on ne se base presque que sur des considérations tactiques et du calcul.
Mais n'y a-t-il pas un tissu invisible qui relie potentiellement tous les coups d'une partie ?
N'existe-t-il pas un lien secret entre les différentes étapes de jeu qui échappe au regard et au calcul ? Ne pouvons-nous pas évaluer la situation sur l'échiquier en prenant de la hauteur et en saisissant la globalité des éléments de la position ?
Bien entendu, il ne faut jamais sous-estimer la tactique. Mais les opérations concrètes de la tactique ne sont dans le fond que des moyens au service d'une approche de toute nature, que l'on appelle la stratégie.
Or la stratégie, de nos jours, est largement négligée, et cela n'est pas tout à fait sans raison.
Le fait est que la stratégie est :
La stratégie est tellement mal connue que, dans l'esprit de beaucoup de joueurs, elle n'est même pas clairement définie. (Exercice : définissez « stratégie ».) Bien que l'on emploie assez souvent le terme de stratégie, que ce soit aux échecs ou dans des domaines aussi importants que la politique, l'économie, etc., il recouvre souvent, en réalité, la notion de plan. Pire, on confond parfois tactique et stratégie. Même si tous les joueurs d'échecs possèdent des notions de stratégie, celles-ci sont généralement disparates, superficielles, mal maîtrisées. Il arrive même que l'on parle de stratégie sans le savoir.
Dans notre parcours échiquéen, les notions stratégiques sont dans le meilleur des cas énoncées et expliquées. Mais, au cours de la pratique, emportés par le flot des variantes qui submergent notre esprit, nous avons tôt fait d'oublier l'importance de la stratégie et, au lieu de garder notre vision d'ensemble et de raisonner de façon stratégique, nous fonçons tête baissée dans la mêlée.
Il devient évident que la stratégie est mal enseignée et sous-estimée dès le départ. Avec le temps, et du fait d'une pratique routinière qui ne laisse guère de place à une analyse approfondie, les éléments stratégiques essentiels qui devraient nous orienter en toute situation ont tendance à s'estomper : ils se retrouvent relégués à l'arrière-plan de notre raisonnement.
Ce fait est presque tragique, car on perd une dimension fondamentale du jeu d'échecs. De fait, l'enseignement de la stratégie doit nous donner conscience de ce que la stratégie devrait figurer au coeur de toute entreprise et de toute intention, aux échecs aussi bien que dans la vie.
La vision stratégique nous ouvre la porte pour mieux comprendre la réalité, l'appréhender avec plus de justesse. Et cela impacte fortement toutes les décisions que l'on prend. En s'appuyant sur les éléments stratégiques, on a la possibilité de garder la tête au-dessus de la mêlée, de savoir quoi faire et quelle direction prendre - pour prendre une autre image, on a le gouvernail bien en main et on garde le cap, aussi agitée que soit la mer.
Une des raisons pour lesquelles la stratégie ne reste pas au coeur de notre raisonnement est qu'il est plus difficile d'enseigner la stratégie que la tactique. Son enseignement demande d'ailleurs une compréhension plus fine du jeu et de ses principes. Les éléments stratégiques sont ainsi présentés de manière assez rigide, et souvent ils sont introduits isolément les uns des autres, sans synthèse. Par conséquent, les joueurs ne parviennent pas à mettre en œuvre un raisonnement stratégique dans leurs parties.
De plus, on peut facilement trouver abondance de sources pour un entraînement tactique de qualité, tandis que les possibilités de s'entraîner efficacement à la stratégie sont beaucoup plus limitées, faute d'un matériel adéquat. Ce n'est pas étonnant si l'on songe, par exemple, qu'il est considérablement plus facile d'écrire un livre d'exercices tactiques qu'un livre d'exercices stratégiques.
Que faut-il faire, alors, pour donner à la stratégie toute la place qu'elle mérite dans notre réflexion ? Car une véritable réflexion stratégique change profondément la donne. C'est le mieux que l'on puisse faire pour améliorer sensiblement sa qualité de jeu. Mais introduire une vision stratégique fine dans son jeu requiert un changement de paradigme, ce qui nous amène à nous interroger sérieusement sur notre manière de jouer. On doit en fait réfléchir et agir autrement, à un autre niveau.
La portée de la vision stratégique : comment la stratégie va vous aider à enfin franchir un palier...en plus.
Pour bien prendre toute la mesure de l'intérêt d'une réflexion stratégique, on passera en revue un certain nombre d'erreurs typiques, et l'on verra que celles-ci se résument souvent à une absence de stratégie, ou bien à une mauvaise stratégie.
Commençons par le début : les ouvertures.
Si l'on comprend en général que, dans l'ouverture, il faut rendre possible la mobilisation des pièces, et que celles-ci doivent disposer de l'espace nécessaire pour participer à des actions futures (et donc qu'il faut contrôler le centre), l'application concrète de ces principes dans chaque ouverture est bien moins claire. En effet, chaque début est basé sur une structure de pions et une dispositions de pièces particulières, et c'est là qu'apparaît la difficulté de comprendre les subtilités qu'y s'y rapportent.
Or, il n'est pas facile de comprendre correctement les schémas de développement et les stratégies centrales associées sans disposer de solides fondations stratégiques (compréhension et maîtrise des éléments stratégiques essentiels).
Le résultat est que l'on découvre avec étonnement qu'après avoir récité un nombre de coups dont on connaît plus ou moins le sens, on se retrouve soudainement dans une situation dans laquelle le choix des coups devient délicat.
Consciemment ou inconsciemment, on sait qu'il nous faut trouver quoi faire, construire éventuellement un plan, mais nous avons un mal fou à percevoir et évaluer correctement les caractéristiques de la position. C'est face à cette difficulté que l'on a tendance à se mettre à calculer des coups, en espérant trouver une solution concrète. Ce qui se passe en réalité, c'est que notre jeu est de plus en plus mené par les « trouvailles » presque aléatoire de nos calculs - car il s'agit souvent de positions où le calcul n'est pas approprié, dans la mesure où elles ne sont pas de nature tactique.
Attention, on ne veut en aucun cas sous-estimer la vérifications des escarmouches tactiques qui peuvent surgir à tout moment. Autrement dit, pour mener la partie de la phase de l'ouverture vers le milieu de jeu, il faut bien avoir une vision stratégique sur laquelle construire notre plan.
Réfléchissez-y : combien de fois vous est-il arrivé de vous retrouver au sortir de l'ouverture sans trop savoir quoi faire ?
Portons maintenant sur ce qu'il se passe en milieu de jeu, une fois que l'on est sortis de l'ouverture.
Si la mémorisation des coups de l'ouverture (attention : la mémorisation en elle même n'est pas la meilleure façon d'apprendre les ouvertures !) peut encore nous sauver d'une catastrophe prématurée, lorsque la partie commence véritablement en milieu de jeu, on se trouve vite dépourvu de la fausse sécurité que nous octroyaient nos connaissances. Il devient clair que pour mener notre barque à bon port, nous avons besoin de plus que de simple mémoire : il nous faut apprendre à tenir fermement le gouvernail et à naviguer sur une mer turbulente.
Quand les deux armées rentrent en contact, il est indispensable de connaître le terrain elles s'affrontent, de reconnaître les éléments de la situation et de bien les évaluer afin d'identifier nos priorités.
Si on est en mesure de le faire, on pourra anticiper l’évolution on des événements et comprendre ainsi où se trouve notre intérêt. C’est justement sur la base de ce processus que l’on pourra élaborer une stratégie adaptée et concevoir un plan stratégique.
Nous comprenons mieux maintenant qu’un jeu sans stratégie et sans plan, au coup par coup, ne permettra que d’opposer une faible résistance à une stratégie bien pensée.
Quels sont donc les éléments sur lesquels on doit se pencher pour mieux comprendre une position ?
Si l’on met à part la sécurité des Rois (prioritaire en toute circonstance), ce qui détermine largement le jeu et les choix stratégiques, c’est la structure de pions et la qualité des pièces présentes sur l’échiquier. Dans l’évolution de la partie, la pensée stratégique doit inévitablement prendre en compte la structure de pions. En effet, c’est la structure de pions qui détermine largement la mobilité des pièces. Chaque type de structure comporte des caractéristiques spécifiques qui imposent des choix stratégiques.
Ainsi, on doit bien repérer si la structure, particulièrement au centre, est mobile ou modifiable, et surveiller comment l’ouverture des colonnes, diagonales et rangées, ainsi que la création de cases fortes ou faibles, peut impacter le jeu. Il est facile de concevoir qu’une Tour cherchera toujours une colonne ou une rangée ouverte, ou qu’un Fou ou une Dame seront contents d’occuper une grande diagonale, et que pour un Cavalier, pouvoir s’installer sur un avant-poste ou bloquer à temps un pion passé sera un vrai bonheur. Ce type de positionnement fait partie de l’arsenal stratégique, même s’il peut un jour aboutir à une opération tactique.
Bien que cela soit connu, il n’est pas rare que l’on se retrouve avec des pièces mal placées, parfois oubliées dans un coin de l’échiquier. On ne sait pas toujours donner le meilleur rôle aux pièces dont on dispose. Or, une seule pièce mal placée peut affaiblir sérieusement une position par ailleurs raisonnable. Par exemple, cette pièce peut faire défaut dans un secteur prioritaire de l’échiquier, décidant du sort d’une attaque.
Tous ces éléments (dont la liste qui précède n’est pas exhaustive) nous amènent au nœud gordien de l’action stratégique : la coordination des forces (pièces et pions), dans le bon timing. Peu importe qu’il s’agisse de jeu positionnel ou de combinaison : l’effet est produit à temps, ce qui prouve que la stratégie appliquée était correcte.
L’art de la coordination réunit en effet toutes les connaissances et habiletés stratégiques et tactiques : c’est la pierre de touche de la maîtrise aux échecs. C’est comme une symphonie qui se joue sur 64 cases. Armé de solides fondations stratégiques, vous pouvez aspirer à en devenir le chef d’orchestre. Par contre, si vous vous en remettez seulement au calcul, il vous faudra de la chance, n’est-ce pas ?
L’art de l’échange représente un autre point particulier de l’habileté stratégique. Il est en effet très difficile de savoir quand et comment échanger favorablement des pièces et des pions. Regardez vos parties : combien de fois un mauvais échange n’a-t-il pas eu des conséquences très néfastes pour la suite ? La qualité d’une pièce se mesure à sa juste valeur par son positionnement, sa mobilité et le rôle qu’elle joue dans une position particulière. Et pourtant, on n’a souvent même pas conscience d’avoir réalisé un troc inadapté et on s’étonne de se retrouver soudain dans une position où rien ne va, sans savoir exactement d’où vient le problème.
L’échange est une grande source d’erreurs, aux conséquences graves. C’est peut-être même lors des échanges que l’on se trompe le plus souvent au niveau stratégique. C’est qu’il peut être difficile de bien percevoir ce que l’on y gagne et ce que l’on y perd, comme quand on achète quelque chose dont le prix n’est pas affiché.
La subtilité des échanges peut être très visible lors du passage en finale. Une transition mal conduite peut avoir des conséquences très douloureuses. Ne vous est-il jamais arrivé de gaspiller votre avantage par des échanges inadéquats ? Et de perdre ainsi le fruit d’un dur labeur en milieu de partie ? Ou, au contraire, d’éviter des échanges avantageux parce que vous n’avez pas réussi à bien évaluer la finale qui en découlait ?
La stratégie est importante dans toutes les phases de jeu, sans exception, et il convient de se préparer en conséquence. Mais, pour bien mener une stratégie, il faut aussi savoir se mettre dans un état d’esprit favorable.
Il faut savoir que plus la partie avance, plus on risque d’en perdre le fil stratégique et de retomber dans de mauvaises habitudes. C’est parce que, face à l’ampleur des problèmes à résoudre, ou du fait du jeu de l’adversaire, la réflexion peut devenir inconsistante. On risque d’être dépassé par les événements et submergé par l’émotion.
Le joueur se déconnecte de la stratégie qu’il avait tracée. Son attention commence à se reporter sur des choses secondaires. Il finit par se perdre dans ses cogitations, ce qui impacte sa gestion de la partie. Les décisions deviennent confuses, les évaluations erronées, le spectre du Zeitnot se profile, le risque de gaffe augmente. Dans le pire des scénarios, les erreurs s’enchaînent parce que l’on perd le gouvernail du navire, c’est la Berezina…
Il est donc grand temps de s’intéresser à la stratégie et de changer de paradigme. La stratégie ne doit plus être quelque chose de flou, quelque chose d’annexe, que l’on utilise un peu par hasard, et en tout cas sans lui prêter une attention particulière. On doit bien comprendre et accepter que l’on doit mettre la stratégie au cœur du raisonnement échiquéen, et que le rôle premier de la tactique est de la servir. Oui, mais comment faire ? La première chose est déjà d’avoir pleinement conscience du problème. Ensuite, il s’agit d’acquérir des connaissances fondamentales en stratégie. C’est la base sur laquelle nous pourrons élever notre jeu à un autre niveau.
Nous savons déjà que la stratégie n’est souvent pas très bien enseignée, et que l’on manque d’outils pour s’y entraîner. Sans entraîneur, j’ai passé moi-même de nombreuses années à tâtonner dans les couloirs du vaste édifice des connaissances échiquéennes, sans pouvoir saisir où se trouvait l’essentiel. Ce n’est qu’à partir du jour où j’ai commencé à enseigner les échecs, bien forcé d’expliquer aux autres les secrets de ce jeu royal, que j’ai pris conscience de la véritable importance de la stratégie. Peu de temps après, je suis devenu grand maître.
Depuis mes premiers pas aux échecs, j’ai pris l’habitude de partager avec les autres ce que j’avais appris par moi-même. Ce désir est aujourd’hui aussi vif que jamais. J’ai envie de vous parler de la stratégie et de vous faire découvrir comment la concevoir et l’appliquer dans votre pratique. Je suis persuadé que cette démarche peut vous faire gagner beaucoup de temps et vous apporter beaucoup de bonheur à travers les échecs.
Le progrès aux échecs dépend de plusieurs facteurs, et l’un des plus importants est d’avoir confiance dans nos propres capacités d’évoluer et de réussir. Je suis convaincu que vous pouvez réussir à atteindre vos objectifs, même si vous avez l’impression de ne pas avoir avancé comme le vouliez depuis très longtemps. Je sais, par mon expérience d’entraîneur, qu’un déclic peut se produire même quand on s’y attend le moins, particulièrement quand on porte son attention sur la stratégie. Si ce manifeste vous a plu, si vous êtes motivé(e) et si vous avez fermement l’intention de mettre la stratégie au cœur de votre pratique échiquéenne, je vous invite à participer à mon prochain programme de coaching en ligne « Devenez un stratège accompli aux échecs ! ». Si vous souhaitez en savoir plus, cliquez sur le lien ci-contre : Inscription au programme de coaching en ligne avec un GMI : « Déclic stratégique » (olibris.fr)
Darko Anic :
- Grand maître international
- Champion de Croatie en 1985
- Vice-champion de France en 1997
- Directeur national de l'entraînement de 2014 à 2021
- Sélectionneur de l'équipe de France aux olympiades de Calvi en 2004
- Plusieurs élèves médaillés aux championnats du monde et d'Europe des jeunes
- Coauteur (avec Philippe Chassy) de Psychologie du joueur d'échecs - Science et performance (Olibris, 2012)